Voyager à bord d’un TER nous
place dans une situation en abîme. Bien calé dans un fauteuil, les vitres
latérales, comme des écrans, donnent à voir des photogrammes.
On va vite, mais on peut
rester immobile, dans des espaces séparés par une frontière vitrée. On peut se
déplacer tout en se laissant transporter.
Regarder vers l’extérieur
plonge le voyageur dans une frise chaotique qui défile. S’il s’y attarde, le
spectacle invite à la rêverie, à la nostalgie et à la réflexion.
Le photographe peut jouer
avec la vitesse. Il peut la ralentir tout en continuant à circuler vite. Avec
la technique du filé, il la manifeste, il l’atteste.
Par l’artefact du moins bien
montré, du flou ; à la manière de William Turner (1775-1851), l’image en
dit plus. C’est une manière d’inviter les curieux.ses à compléter l’image en y
injectant quelque chose de soi. Être visiteur.se demande des efforts.
Ce n’est plus la griserie
provoquée par la vitesse qui produit du sens. C’est la connivence entre les
différentes instances en présence ; les éléments, la technique, le
photographe et les visiteurs.ses, qui fonde un rapport à la fois documentaire,
personnel et esthétique à l’objet photographique.